La Russie
aborde aujourd'hui une troisième étape, celle
où
“ le marché travaille pour l’homme
et l’homme pour le marché ”. Or
actuellement, le marché travaille pour les oligarques
qui, parce qu'ils financent le gouvernement, ont la mainmise
sur les décisions politiques. Selon Sleptsov, il
existe deux façons de contrecarrer le pouvoir des
oligarques dont l’influence menace la démocratie
: renforcer les pouvoirs de l’État et favoriser
la création de PME. Sleptsov note que Poutine semble
se battre pour ces deux points.
Le journaliste explique ensuite qu’il est grand temps
que les mentalités changent. Selon lui, le grand
ennemi de la Russie n’est pas l'Ouest, comme beaucoup
aiment à le dire, mais le système lui-même
: corruption, bureaucratie, absence de partis d’opposition
et de "nouvelles têtes" dans le paysage
politique. Ou, pour résumer, absence d’une
véritable démocratie,
" une démocratie
pour tous et non pour un nombre restreint de privilégiés
”.
Les remèdes à ces maux existent.
Revoir les modes de formation et d’avancement des
fonctionnaires qui, selon Poutine,
“ considèrent
le service de l’État comme un moyen de développer
leur business ” ;
Permettre l’apparition de nouveaux visages (qui ne
soient pas issus de l’ancienne nomenklatura) et de
vrais partis d’opposition, afin de créer une
dynamique politique, garante de l’évolution
des conditions de vie ;
Repenser la politique d’autonomie des régions,
la plus grave des maladies de la Russie, réelle menace
pour l’avenir. Les soulèvements dans certaines
républiques voisines pourraient constituer un avant-goût
de ce qui attend le pays;
Créer une classe moyenne disposant d'un réel
pouvoir d’achat et capable d’investir, condition
sine qua non du développement intérieur de
la Russie.
Nikolaï Sleptsov conclut en rappelant que si la Russie
a pris la voie de la démocratie plus tardivement
que d’autres nations, cela ne l’empêche
pas d'occuper une bonne place sur la scène internationale
:
" Il ne faut pas chercher à retourner
vers un système libéral comme au 19e siècle,
ou socialiste comme au 20e, mais aller de l’avant.
"
Iakoutsk Vetcher (Iakoutsk Soir) du 24 juin 2005
Beslan : connaître la vérité, par Natalia
Guevorkian
Réflexion sur le procès “ des ”
auteurs de la prise d’otages de Beslan (un seul coupable
sur le banc des accusés…).
Il faudrait que toutes les unes des journaux soient consacrées
au procès de Beslan aussi longtemps que ce dernier
durera. Si quelqu’un veut comprendre ce qu’est
une crise de confiance envers un président, qu'il
se tourne vers Vladikavkaz, là où se déroule
le procès. Les parents des victimes sont comme le
négatif d’une photo qui tôt ou tard va
révéler ce qui s’est réellement
passé à Beslan : les coupables plus ou moins
directs ; tout ce qu’on a essayé de cacher
ou de déformer ; tout ce que la commission parlementaire
n’a jamais dit ; tout ce que les enquêteurs
n’ont jamais trouvé...
Les parents des victimes et les victimes survivantes n’ont
plus peur de rien. Ils veulent juste connaître la
vérité et sont prêts à tout pour
cela.(…) Je n’ai jamais vu un procès
dans lequel les victimes prennent autant d’initiatives.
Elles posent des questions précises et obligent leurs
interlocuteurs à y répondre, n'hésitant
pas à les contredire et à les pousser dans
leurs retranchements. Ce n’est pas grâce au
juge que l’on apprend les menaces faites à
certaines victimes, témoins des faits, mais grâce
aux mères de famille. Ce n’est pas le juge
qui crie :“ Dis enfin la vérité ! pourquoi
tu te tais ? qui te menace ? ”,mais les mères
de famille. L'unique accusé pleure et demande à
voix haute qui a bien pu faire cela. Il avance que le véritable
coupable est libre, en train de regarder la télévision
chez lui. Le prévenu représente le dernier
espoir pour les victimes de connaître un jour la vérité.
Avez-vous déjà vu un pays où l’on
croit plus volontiers un accusé que son juge ? (…)
Connaissez-vous des mères de famille prêtes
à excuser et pardonner le meutrier potentiel de leurs
enfants en échange de la seule vérité
? À quel point les instances du pouvoir sont-elles
salies par le mensonge pour en arriver là ? (…)
L’accusé sait quelque chose, c’est certain.
(…) Et s'il se montrait plus humain que le pouvoir
en révélant la vérité aux victimes
? Et si la réalité était pire que le
meurtre de centaines d’adultes et d’enfants
innocents ? (…)
En essayant de connaître la vérité sur
cette tragédie, ces pauvres gens en réalité
essaient de nous sauver tous.
Limogeage du ministre de l’Intérieur
Alors qu'il était en vacances, Alexandre Victorovitch
Nazarov a appris par Internet que Poutine le relevait de
ses fonctions. Croyant d’abord a un canular, il a
obtenu confirmation de cet ordre par les services de presse
de la présidence. Alexandre Nazarov va faire appel
de cette décision : en congé, il ne pouvait
être démis de son poste avant sa reprise de
travail.
Réforme des droits de sucession
Lors de son assemblée du 22 juin, le conseil de la
Fédération a proposé une loi abolissant
les droits de succession pour les membres d’une même
famille, au sens large du terme. Le texte prévoit
d’abolir la taxation des revenus mobiliers et immobiliers
reçus par héritage. Cette loi s'appliquera
également aux dons en argent ou en nature (sauf biens
immobiliers, titres et véhicules) faits aux héritiers
directs. Selon le code de la famille, les autres héritiers
paieront les 13% habituels.
En 2004, l'impôt sur les dons et héritages
a rapporté plus de 26 millions d’euros. Le
directeur de cabinet du ministre des Finances souligne le
manque à gagner important provoqué par cette
loi si elle est adoptée. 137 sénateurs ont
voté pour. Deux ont voté contre. Deux autres
se sont abstenus. Si Poutine contresigne la loi, elle entrera
en vigueur le 1er janvier 2006.
Sans alcool, la fête est plus folle
Le maire de Iakoutsk a décrété que
la vente d’alcool (vin et bière inclus) serait
interdite sur les lieux de la fête de l'yssyakh les
25 et 26 juin. Toute infraction sera sévèrement
punie : les contrevenants devront s'acquitter d'une forte
amende.
Ndrl. "Regards de femmes" rencontre peu de gens
ivres ce jour-là et c’est mieux… mais
tout le monde avait largement prévu sa réserve
personnelle.