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Reportage : Magadan, visite
guidée
Yssyakh,
l’âme de la Iakoutie
Le cirque
de Iakoutie |
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Reportage
publié le 14 10 05
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Magadan, visite guidée
8000 kilomètres de Moscou, 8 heures de décalage
horaire, difficile d’imaginer à quoi peut ressembler
cette ville qui n’a pas 100 ans et déjà
tant d’histoire derrière elle. Le pire comme
le meilleur ont façonné Magadan. Au pays des
ours, de l’or, des goulags et du froid, une capitale
a grandi, des hommes et des femmes de tous les horizons
s’y sont installés. Visite guidée d’une
ville du bout du monde.
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Magadan
aujourd'hui |
Magadan
est située sur la mer d’Okhotsk, entre les
baies de Guertner et de Nagaievo. La région n’est
d’abord peuplée que de quelques Evènes
et Iakoutes. Seule une petite ville existe à 40 km
: Ola, construite au XVIIème siècle par les
Cosaques.
À la fin des années 20, la première
expédition géologique arrive et s’établit
entre les deux baies. Trois maisons, une école, un
hôpital et un bâtiment administratif sont construits.
Ce camps « culturel » sert de point de départ
pour les expéditions géologiques. |
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Baie de Guertner |
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Baie de Nagaievo |
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Les premiers habitants |
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Les premières
caravances |
Bilibine
et Tsaredievski, les chefs d’expédition font
part du potentiel aurifère de la région. Il
n’y aurait qu’à se baisser pour le ramasser.
Au début des années trente, les premiers prisonniers
politiques arrivent de Port Vanino par bateaux. Ils sont
bientôt rejoints par des milliers d’autres.
Ils construisent toutes les infrastructures de la région
à mains nues. |
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Une pépite d'or |
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Les bateaux arrivent de Port-Vanino |
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Les collines de Magadan |
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Objectif
n°1 : les routes, qui vont pouvoir permettre la circulation
des marchandises et des personnes entre les différentes
mines, de Magadan à Iakoutsk. C’est ainsi qu’apparaît
la plus « longue rue » de Russie : la rue Lénine
ou route de la Kolyma qui part du centre de Magadan et va
jusqu’à Iakoutsk… à 1500 km de
là.
Le projet initial est d’établir
le centre administratif plus au Nord, où le climat
est plus clément. En effet, Magadan est constamment
sous le brouillard et connaît peu de jours ensoleillés.
Mais la proximité de la mer s’avère
très pratique et Magadan devient le centre administratif,
culturel et universitaire de la Kolyma.
En parallèle des victimes de la répression,
de nombreux volontaires, spécialistes scientifiques,
professeurs viennent s’installer autour du camps de
base. La ville s’agrandit avec ces nouveaux «
romantiques ». |
Le début
de la rue qui va jusqu’à Iakoutsk |
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Les premières maisons sur les collines
de Magadan |
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Le théâtre de Magadan |
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La Basilique de Magadan |
Une grande majorité des prisonniers
politiques appartiennent à l’intelligentsia.
Eminents professeurs, médecins ou artistes, qui participent
au développement culturel. Le théâtre
de Magadan devient une référence. Crées
par M. Lavrov, les quatre statues du fronton représentant
l’armée rouge, les partisans, les mineurs et
les orpailleurs. À Magadan, on les surnomme : «
les seules personnes de Magadan qui ne boivent pas »
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L’Eglise
a racheté le terrain de l’ancienne administration
de la Dalstroï, entreprise d’état qui
a géré la région dès les années
30. Avant de voir pousser cette réplique de la basilique
du Christ Sauveur à Moscou, il y avait un bâtiment
de plusieurs étages, dont personne ne savait trop
quoi faire : un foyer ? une université ? une administration
? La Basilique soulève l’universelle polémique
de l’intérêt d’une telle dépense
quand des centaines de gens vivent mal.
Outre l’or, la région de la kolyma recèlent
d’autres curiosités : les météorites
et les mammouths. Le petit mammouth, Dima, dont l’original
est à l’étude à Saint-Pétersbourg
a été trouvé dans la région
de Magadan. Agé de 40 000 ans, il a la particularité
d’être entier avec des restes de peau et de
poils. D’après les scientifiques, il serait
tombé dans un trou et mort de faim.
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Dima, le petit mammouth |
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Que
reste-t-il des goulags? Des premiers prisonniers
? Beaucoup d’historiens et de particuliers
travaillent sur cette période noire de l’histoire
de la Kolyma. Il reste de nombreuses traces des
goulags dans les coins reculés de la région
: bâtiments, barbelés, objets divers
fabriqués par les zeks (prisonniers). La
route est jonchée de « murs »
anti-vent dont beaucoup sont là depuis ces
tristes années. Enchevêtrés
dans les broussailles. Les articles et les témoignages
ne manquent pas. Un artiste, Neizvestnii inaugure
en 1996 un monument à leur mémoire.
Il domine Magadan et est visible de n’importe
quel point de la ville. Le premier d’une série
de trois. Deux autres identiques devaient voir le
jour à Norilsk et à Vorkoutsk pour
former le « triangle de l’affliction
et du repentir ». Le projet n’aboutit
pas. |
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Mémorail des victimes du goulag |
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Restes du passage des zeks |
Un des bâtiments de Magadan, arbore
fièrement sa date de naissance : 1936. Ridicule
! Quelques colonnades ou autres sculptures auraient peut-être
donné une once d’intérêt à
ce carré soviétique sans charme. Comme le
théâtre ou d’autres immeubles du centre,
une ressemblance à Saint-Pétersbourg aurait
pu justifier cette fierté. Il faut l’excuser,
il est encore jeune et il ne sait pas encore que le touriste
est ingrat et que son œil se repaît de clinquants
et de sensationnel. Peu importe. Il sait déjà
qu’il a eu sa place dans les vies qu’il accueille
dans ses murs depuis plusieurs décennies. Et même
si ses jours sont peut-être comptés, cela
lui suffit.
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Magadan aujourd'hui |
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Magadan dans le
brouillard |
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